Présentation et symptômes
L’hallux valgus, encore appelé « oignon », est une affection particulièrement fréquente. Elle se traduit par une déviation du gros orteil. Initialement le pied ne présente qu’une « bosse » au niveau de la base du gros orteil qui correspond en fait à la saillie de la tête du métatarsien. Cette proéminence devient inflammatoire et douloureuse.
Par la suite le gros orteil se déforme en déviant vers le deuxième orteil ce qui engendre un conflit le 2e orteil aura tendance à « se lever » par manque de place dans la chaussure. Avec le temps, ce conflit provoque une déformation du deuxième orteil qui prend une attitude en griffe, elle-même très douloureuse. Dans les stades plus avancés, les griffes touchent aussi les 3e et 4e orteils.
De plus les douleurs poussent les patients à modifier leurs appuis ce qui occasionne des contraintes anormales sur les autres parties du pied. Ainsi le manque d’appui sur le gros orteil entraîne une surcharge sur le milieu du pied. Des douleurs et des corsépaississements de la peau encore appelés durillons apparaissent sous l’avant-pied. En plus des douleurs, l’hallux valgus gêne donc la marche et le port des chaussures.
Sa cause est encore inconnue même si des facteurs favorisants sont décrits comme le port de chaussures à bouts pointus ou l’excès de longueur du premier métatarsien. Son évolution est progressive sur plusieurs années avec une tendance à l’aggravation de la déformation. Il peut cependant arriver des périodes de poussées inflammatoires avec de vives douleurs. Ces poussées durent de quelques jours à quelques semaines puis se résorbent. Leur fréquence est imprévisible.
Parfois l’hallux valgus est associé à un hallux rigidus. Pour obtenir un résultat optimal, il faut avant-tout traiter l’hallux rigidus plus que la déformation. Dans d’autres cas, une bunionette est associée à l’hallux valgus.
Traitements de l’hallux valgus
Il existe toute une variété de traitements dont le choix va dépendre de l’importance des douleurs et de la gêne.
traitement médical
Il s’agit d’ un traitement utilisé en première intention. Il fait appel à diverses mesures plus ou moins associées :
- Antalgiques, anti-inflammatoires par voie orale.
- Port de chaussures plus larges.
- Port d’attelles ou de semelles. Celles-ci soulagent la pression sur l’oignon mais ne corrigent pas la déformation. L’attelleou une orthèse ou encore une orthoplastie vise à écarter le gros orteil des autres alors que les semelles visent à rééquilibrer les appuis du pied.
En cas d’échec de ces mesures ou de résultats trop partiels, le traitement chirurgical s’envisage.
traitement chirurgical
Plusieurs techniques sont disponibles. Elles visent toutes à corriger la déformation et supprimer la douleur. Le choix de la technique est fait en concertation entre le chirurgien et le patient.
On dispose ainsi des techniques mini-invasivesPlusieurs incisions de quelques millimètres. Voir photos. et des techniques classiquesUne incision de 3 à 5 cm.. Ces dernières permettent de traiter de grandes déformations.
Toutes ces procédures peuvent se faire sous anesthésie générale ou loco-régionaleSeul le pied est endormi..
Ces interventions peuvent se faire dans le cadre d’une hospitalisation de quelques jours ou en chirurgie ambulatoire avec une sortie le jour même de l’opération.
Les suites de l’intervention comprennent le port d’une chaussure soulageant l’avant-pied. Celle-ci permet donc la marche et un appui immédiat. Des soins de pansements sont également à prévoir à intervalles réguliers ainsi que la prise de médicaments anti-douleurs. Une rééducation du pied chez un kinésithérapeute est également conseillée. Enfin le chirurgien revoit les patients en consultation pour contrôler la convalescence.
Questions fréquentes
- Je souffre beaucoup pourtant je n’ai qu’une petite bosse… La sévérité des douleurs n’est pas liée à l’importance de la déformation. Il ne faut donc pas prendre en compte la taille de la bosse ou la radiographie pour décider d’un traitement. Seules les douleurs guident ce choix.
- Je n’ai pas de douleurs. Dois-je envisager l’opération ? A priori, non. Il y a une nuance à apporter : il vaut mieux ne pas attendre que des orteils en griffes apparaissent car l’opération donne de moins bons résultats et requiert une convalescence plus longue.
- Je n’ai pas de douleurs mais je n’aime pas l’aspect de mon pied… Il est possible de proposer l’intervention dans un but esthétique.
- Quels examens sont utiles ? Il faut des radiographies du pied en chargePied en appui sur le sol avec le poids du corps. et non des clichés dits « standards »Pied sans appui du poids du corps..
- Les enfants peuvent-ils présenter un hallux valgus ? Oui. Il s’agit de l’hallux valgus juvénile (avant 10 ans) et de l’adolescent.
- L’opération peut-elle se faire chez les enfants ? Oui à condition que la croissance de l’os métatarsien soit terminée ce qui survient généralement entre 10 et 12 ans. Cela se vérifie à la radiographie. Avant cela, le traitement par attelle nocturne est à privilégier.
- L’opération peut-elle se faire en chirurgie ambulatoire ? Oui sous conditions d’avoir des proches pour vous aider.
- L’opération est-elle très douloureuse ? Non. Les techniques anesthésiques ont fait des progrès en 30 ans et la plupart des patients opérés ne rapportent que des douleurs faibles à modérées. Dans tous les cas, des médicaments anti-douleurs sont prévus.
- Peut-on opérer les deux pieds à la fois ? Non. Par contre il est possible d’espacer les deux opérations de 3 semaines pour diminuer la période d’arrêt de travail.
- Puis-je marcher après l’opération ? Oui, dès le lendemain sous couvert d’une chaussure spéciale. La station debout est néanmoins limitée pendant 1 mois.
- Quelle est la durée de l’arrêt de travail ? Cela dépend de votre profession et du type d’ interventionMini-invasif vs classique, hallux valgus isolé vs orteils en griffe associés.. Classiquement et pour une opération mini-invasive d’un hallux valgus modéré, il faut compter 3 à 5 semaines pour un emploi sédentaire et 8 à 10 semaines pour un travailleur de force.
- Combien de temps pour la reprise du sport après l’opération ? Natation et vélo d’intérieur sont possibles au bout de 4 semaines. Le vélo en extérieur à 6-8 semaines. 3 à 5 mois sont requis pour la course à pied et les sports de contact. Ces délais restent purement indicatifs car ils varient beaucoup selon les personnes.